• La Syrie, bléssée et perdue, tente de comprendre et de s'en sortir

    Les bombardements de zones peuplées de civils n'ont épargné personne. Ici une mère drapée dans son humiliation et sa souffrance, elle et son fils n'y comprennent rien. Des habits maculés de sang, le corps blessé, l'esprit égaré. (photo prise à Alep en octobre 2012 par Fabio Bucciarelli)

     

    Vieille femme drapée dans son martyr après un bombardement à Homs en janvier 2014. Image fabio Bucciarelli-AFP

     

     

     Homs la martyr reprend son souffle après les bombardements: ci-dessous une vue de Homs détruite le 10 mai 2014

    vision d'apocalypse à Homs le 10 mai 2014. Photo joseph Eid/Reuters/OLJ

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Des habitants par centaines retournent dans leurs habitations pour tenter d'y reconstruire leur vie... 

    Des millers de civils retrouvent leurs maisons dévastées à Homs. mai 2014, images lepoint.fr

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La dignité malgré la destruction (dans la vieille ville de Homs - mai 2014)

    la vieille ville de Homs detruite, mai 2014

    Malgré les crimes, malgré la cruauté des souffrances infligées, comme ces quartiers entiers de Damas et d'Alep rasés de la carte, anéantis sous les bombes, malgré les injustices, malgré un système de pouvoir verrouillé, les Syriens qui sont restés dans la zone d'influence du régime, ont bien compris que pour avoir un pays stable il était nécessaire de soutenir le pouvoir en place. Ce n'est pas la majorité, mais on ne peut faire mine de les ignorer. Une vérité s'est exprimée.

     

    Les Syriens du Liban se sont exprimés,

    Des Syriens sont venus en famille pour voter, ici près de l'ambassade de Syrie à Beyrouth, le 29 mai 2014 (photo OLJ/AFP)

    syriens venus voter à l'ambassade de Syrie à Beyrouth, le 29 mai 2014.Photo Matthieu karam, OLJ

     

     

    L'apaisement, la reconstruction, sont des priorités pour les Syriens

    Un couple de Syriens sont pris en charge par des médecins après avoir été blessés suite à un bombardement (image tdg.ch)

    Tous les Syriens ont besoin d'être soignés après cette tragédie.image tdg.ch, date inconnue

    Quoi qu'il en soit, il ne s'agit ni de juger ni de condamner, mais tenter de comprendre l’émergence de cette violence et l'étendue des égoïsmes en présence, car il n'y a de guerre qu'au moment où l'on arrive à un point de non retour, où l’égoïsme devient la motivation dominante sur le terrain, mais il faut tenir compte aussi des calculs froids et cyniques des puissances impliquées dans le conflit.

    Le point de non retour a été atteint en avril 2012, quand Koffi ANNAN avait tenté en vain d'imposer une trêve entre les parties. Les combats avaient démarré à Homs avant de s'étendre à Damas puis au reste du pays. Je n'ai pas vraiment compris l'assaut des rebelles sur Alep, ce qui a causé sa ruine à partir de juillet 2012 avec le concours indigne de l'aviation nationale censée défendre et protéger les populations civiles. Les choses ont empiré jusqu'à avril 2013 où s'était devenu insupportable de rester les bras croisés, l'aspect confessionnelle étant renforcé pour aller davantage vers l'affrontement et la guerre.

    Maintenant les choses se sont calmées, l'armée régulière (ou ce qu'il en reste), soutenue par le Hezbollah, ayant repris la situation en main dans le sud du pays et sur la côte, les villes de Qousseir puis de Homs ont été de nouveau reprises, des trêves ont été conclues dans le Rif de Damas, au prix de bombardements intenses et parfois en affamant les populations, leur imposant des sièges sans pitié. Mais la pacification n'est pas complète, et des retournements de situation ne sont pas à exclure.

    Heureusement, Damas n'est pas tombée, et ne tombera pas. Le danger est toujours présent, mais les insurgés s'affaiblissent progressivement. Comme lors des Croisades en 1148, Damas a résisté aux assauts de bandes armées qui n'auraient qu'apporté la ruine et la désolation, tout ce qu'on souhaite éviter. Finalement c'est mieux ainsi.

    Un mot tout de même en faveur des combattants retranchés durant près de deux ans dans la vieille ville de Homs. Ces Syriens ont été poussés à défendre leur vie et leur dignité par les armes, seraient-ils pour autant des terroristes? en réalité, le développement des violences meurtrières puis du siège de la cité rebelle ont été d'une complexité difficilement imaginable, et ceux qui ont vécu ces événements douloureux sont les mieux placés pour juger les comportements des insurgés. Ceux-ci ont partiellement échoué, puisque dans l'accord de cessez-le-feu tout n'a pas été perdu, il y une sorte de reconnaissance de leur humanité par le camp adverse.

    En fin de compte qu'est ce qui est recherché? il s'agit d'avoir plus de justice, plus d'équité, plus de partage, mais aussi plus de liberté et surtout une liberté de presse et d'expression. Mais pas à tout prix, d'une façon plutôt opiniâtre et pacifique. Mais les choses sont toujours plus compliquées qu'on ne le pense, les gens aussi sont compliqués et ne sont pas tous convaincus de la nécessité du changement. Prenons les marchands, ils souhaitent avant tout disposer d'infrastructures performantes, de facilités administratives et d'une circulation urbaine disons "sécurisée". Les commerçants souhaitent commercer, les travailleurs travailler, ne souhaitent le changement que certains universitaires, les esprits libres, les artistes, c'est en fait une minorité, et même une minorité vulnérable, qu'on peut aussi corrompre ou faire en sorte de l'impliquer dans des projets gratifiants. L'autre minorité qui souhaiterai le changement c'est les extrémistes rentrés en religion ou les radicaux sunnites. Tout changement commence par des prises de conscience individuelles, des retournements et des conversions  progressives, des cailloux blancs qui deviennent de plus en plus nombreux. Mais c'est aussi une utopie, des rêves d'enfants, qui ne se réalisent qu'en sacrifiant parfois des générations entières, comme pour la guerre d'Espagne. 

    La situation a empiré dernièrement, avec les avancées de Daech en Irak, la confusion s'est installée. Comme pour l'Afghanistan, on dirait que les troubles vont s'éterniser.

    Que les choses se calment, que Damas soit épargnée, que les malheurs s'éloignent, que les combattants étrangers quittent la Syrie pour qu'enfin un projet de renaissance puisse voir le jour, avec de nouveaux principes, de nouveaux visages, de nouvelles bases. C'est possible.

    Faraj

     

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