Maintenant que les Russes et Américains, avec leurs alliés respectifs, ont réussi à nous débarrasser de Daech, que réserve l'avenir à la Syrie? Une Syrie exsangue, épuisée, vidée de son sang et de son énergie, ce pays est malgré tout préservé, mais en situation de réanimation.

En effet, que reste-t-il de sa richesse, de son prestige, de son patrimoine et de son noble passé? sa plus grande richesse ce sont ces gens, hautement qualifiés et formés à la dure, sous un régime ultra-autoritaire, et qui se sont évanouis de Syrie, ne supportant plus le bruit des bombes et le manque de libertés, ayant suffisamment de moyens pour quitter (à leur cœur défendant) leur cher pays, ce Sham éternel à l'empreinte si puissante, qui restera pour eux un souvenir qu'il faudra vivifier par des réunions de mémoires ou par des rituels de sauvegarde de l'essence syrienne.

Que reste-t-il de la Syrie d'avant 2011? qui restera encore en Syrie? un énorme espoir s'est évanouit. Une chimère pour les uns, un Idéal presque impossible mais pourtant réalisable pour les autres. Les amis du régime peuvent être satisfaits, ils peuvent claironner que Bachar a sauvé la Syrie, que ce pays retrouvera son unité, bien que tous les territoires n'ont pas encore été tous repris et peut être certains ne seront jamais récupérés.

Mais sur qui donc va régner ce président, sur une Syrie qui a perdu son âme? sur des vestiges fumantes? sur des perses syriannisés? les meilleurs ont quitté la Syrie, il ne restera que les pauvres, les infortunés, les complaisants, les complices et les profiteurs. Malheur à ces derniers, qui sont comme des chacals qui se nourrissent de la chair des morts et des survivants, morts de la Ghouta, de Harasta, du Yarmouk, de Homs, d'Idleb et les survivants de Damas, d'Alep et de Tartous.

Bachar ne régnera que sur une Syrie éperdue et confuse, où domine le chaos, la peur dans les cœurs, et la faim. Les serpents se répandront et étrangleront ceux qui refusent la corruption. Il faudra au moins une génération pour retrouver un niveau intellectuel et spirituel d'avant la guerre. C'est peut être seulement vers 2048 que la Syrie respirera de nouveau un air pur de liberté.

Il semble, pour ceux qui savent lire l'histoire, que celui qui tient la Citadelle, le vainqueur d'aujourd'hui, connaîtra le même sort que celui de Franco en Espagne, lequel a certes sauvé l'essentiel, mais qui a ensuite sombré dans les catacombes du Temps. A moins d'un miracle, d'une repentance, d'une douloureuse remise en question et d'une volonté de bien faire, d'un départ volontaire...car il est improbable qu'un accord soit trouvé avec ses opposants. Il y a tout de même un esprit, une intelligence, une conscience, un désir indestructible qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde arabe, un Idéal que les Syriens concrétiseront un jour, afin de redorer l'esplanade des Omeyyades après l'affront et la honte de la prédation et du crime impuni.

Le président Assad disparaîtra avant, mais qui lui succédera-t-il? même une démocratie sera boiteuse, tant qu'on n'aura pas réglé le problème politique pour une harmonie entre toutes les composantes de la société, pour toutes les ethnies et toutes les confessions, ceci est réalisable par la recherche persévérante d'une voie médiane pour éteindre le feu de la violence d'abord, puis garantir une représentation équitable à toutes les minorités, jusqu'à ce que l'excitation confessionnelle s'éteigne et que la réconciliation se mette en marche...

Faraj