• Jardins de douleurs...

    une femme lit le coran devant la tombe d'un procheRSS
     
     
    Deir Ezzor, ancien fleuron de l'industrie pétrolière syrienne, a été entraîné dans le conflit en juin 2012, et plus de 3.000 personnes y ont péri depuis selon Abdelrazzak, ancien employé des puits de pétrole devenu fossoyeur.

    "Dieu punira Bachar et les siens pour avoir transformé nos jardins publics en cimetières" lance Mohammad Assad. Il se recueille, un exemplaire du Coran entre les mains, sur la tombe de son fils aîné près d'une balançoire dans un parc de Deir Ezzor, dans l'est syrien.

    Hommes, femmes, enfants, combattants parfois tout juste sortis de l'adolescence: le Parc El-Machtal accueille chaque jour de nouvelles victimes du conflit qui déchire la Syrie depuis qu'un soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad lancé il y a deux ans s'est transformé en lutte armée.

    Oum Mohammad, elle, pleure son fils de 11 ans, tué par un bombardement.

    "Je viens tous les jours du lever du soleil jusque vers 16h pour être avec mon petit. C'est une façon de rester à ses côtés... Je l'accompagne, je lui dépose des versets du Coran et je parle avec lui". Le garçonnet a été tué par des éclats d'artillerie alors qu'il jouait devant le domicile familial avec un de ses meilleurs amis, tué lui aussi.

    "Il était mon sourire, ma motivation pour sourire chaque jour au milieu de cette guerre et maintenant il est mort", se lamente cette mère, se griffant le visage avec les ongles, avant d'insulter le régime Assad.

    "Depuis neuf mois, tout ce qu'on a reçu de la part du gouvernement de Syrie, ce sont des bombes et encore des bombes", ironise le fossoyeur, Abdelrazzak.

    "Mes enfants ne peuvent sortir car c'est trop dangereux. Cela fait neuf mois qu'ils sont cloîtrés à la maison car j'ai dû enterrer tellement d'enfants de mes propres mains, que je ne veux pas avoir à le faire avec les miens", soupire-t-il. "Je n'aurais jamais pensé que le jardin où jouaient mes enfants finirait par etre transformé en cimetière", dit-il, désignant une multitude de monticules de terre, certains ornés de quelques fleurs en plastique.

    "Est-ce bien la peine"

    Deir Ezzor, ancien fleuron de l'industrie pétrolière syrienne, a été entraîné dans le conflit en juin 2012, et plus de 3.000 personnes y ont péri depuis selon Abdelrazzak, ancien employé des puits de pétrole devenu fossoyeur.

    Le cimetière municipal ayant rapidement été débordé, les parcs municipaux ont été réquisitionnés.

    Dans le seul parc El-Machtal gisent 160 "martyrs" -- certains ne sont pas identifiés, et la tombe ne contient parfois qu'un membre, seul reste d'un corps pulvérisé par les bombes.

    Abdelrazzak a noté dans un carnet la disposition des tombes et ce qu'on sait de leur occupant. "Si jamais un obus ou une roquette explose et détruit les tombes, je saurai où va chaque corps grâce à ce dessin. Nous ne pouvons permettre que les familles prient pour des défunts qui ne sont pas les leurs".

    De l'autre côté du parc, une femme agenouillée caresse la terre fraîchement retournée et lance: "Saad, pourquoi? Pourquoi fallait-il que tu t'en ailles?" Son frère, Saad Haj Chehab, est mort le 16 février dernier à seulement 17 ans, pendant qu'il combattait contre le régime.

    "Mon frère est mort en combattant un dictateur. Nous sommes fiers de lui", explique un de ses frères, Ahmad Taj Haj Chebab, qui combat lui même, comme ses trois autres frères, aux côtés de l'Armée syrienne libre (ASL).

    Un groupe de combattants entre dans le parc, arme à l'épaule. Ils déambulent parmi les tombes avant de s'arrêter devant l'une d'elles, sur laquelle un jeune homme s'effondre en pleurant.

    "C'est mon père... Il est mort dans un bombardement du régime. J'étais au front quand il a été enterré et je n'ai pas pu lui faire mes adieux", sanglote-il, avant de crier "père, pardonnes-moi".

    "Chaque jour je vois des scènes comme celles-ci. Des jeunes pleurant leurs parents. Les parents pleurant leurs enfants", soupire le fossoyeur. "Tant de sang, est-ce bien la peine? Sincèrement, je me demande cela chaque jour quand ils arrivent ici pour que je les enterre dans ce cimetière. Et je n'ai toujours pas trouvé la réponse," reconnaît Abdelrazzak.

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